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 { INVESTIGATION } pv. sikstor

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AntinovaAntinova
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Date d'inscription : 03/05/2015

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MessageSujet: { INVESTIGATION } pv. sikstor   { INVESTIGATION } pv. sikstor EmptyMer 6 Mai - 0:03

Spectre du monde, en plein midi. Le soleil tape. Avec leur silhouette de faucille, les martinets noirs frôlent les pins striés, effectuant de savants mouvements sur l’aile, disparaissent dans les replis de la montagne, invisibles, puis réapparaissent. Les ailes vibrantes, auréolées par le soleil timide, perché la haut sur une corolle de nuages vaporeux et légers comme de la mousse. Un vent léger effleure les grands oiseaux, ébouriffant leur plumage fourni et miroitant, dressant les plumes de leur cou, leur donnant un air impérial.

Assise sur un bloc de calcaire, je me laisse bercer par leur ballet improvisé. .. Et je m’envole avec eux, frôlant les parois d’ocre et d’argent, m’engouffrant dans un canyon creusé par l’érosion, évitant les immenses dalles crevassés du versant est. Le labyrinthe granitique, illuminé par un rayon dansant de l’astre solaire, resplendit de mille feux et m’éblouit un instant. Quand j’ouvre les paupières, je zigzague de nouveau entre les arbres, humant au passage l’odeur musquée de rhododendrons et tu terreau naturel qui les entoure. Retour en plein ciel au-dessus des pelouses craquelées par le gel miroitant. Coup d’œil discret sur une troupe de chamois, femelle et cabris, en pleine sieste à l’abri d’une petite vallée entourée de sapins rachitiques. La magie passe, la température chute. Fini de rêver. Les pupilles étrécies, je repars à l’aventure.

Au sortir de foret dégoulinante d’humidité, la falaise déchiquetée semble me sauter à la figure. Ses remparts de calcaire sombre barrent l’horizon qui se teinte de reflets irisés. L’aube s’éloigne, ombre mouvante me donnant rendez-vous au jour prochain. Avec son complice le vent, la montagne gronde, gémit, rugit tel un lion au sommeil artificiel... Et léger. Une averse de gelons tambourine joyeusement sur mon dos fin, glissant le long des côtes creusées par l’exercice éreintant qu’est la survie. Mes pattes dérapent légèrement sur la mousse parfumée du sentier. Dernier avertissement. Rester, ou faire demi-tour ? Des lambeaux de brume inondent la plaine avoisinante, comme échappés d’un immense chaudron invisible. La vallée a pratiquement disparu sous cette lourde écharpe immaculée, me donnant l’impression de progresser en plein ciel, parmi les nuages. Parfois, lorsque le vent se calme, je perçois le bruit lancinant les conifères mourants qui grincent, implorant une nouvelle jeunesse qui leur viendra en fin de saison. Il a neigé cette nuit. Pattes ankylosés, extrémités gourds, tapis blanc. L’hiver est sur le départ. D’ailleurs,, en y regardant de plus près, des taches colorés perforent, ici et là, cette nappe nacrée. Euphorbes, violettes timides et orchis pointent leur museau transi. Heureusement, le soleil arrive, éblouissant, pour les libérer de leur carcan glacé.

Mes pattes se tendent brutalement, et je me projette vers l’avant. En bonds souples et aériens, je dégringole la pente accidentée, mes coussinets ouatés m’assurant un équilibre stable, malgré l’humidité omniprésente du lieu. Les paupières légèrement plissés, je darde mes grands yeux vairons  sur les sommets déchiquetés de la falaise, teintés de nuances complexes dont la principale est le brun - roux. Agilement, je pivotais sur une patte, astuce que les bergers de mon acabit utilisent pour changer rapidement de sens, et je finis le reste de la pente en une glissade assurée et peu dangereuse. Me voilà en face de Laat-Krosis, ville fourmillante au silence pesant.

D’un coup de langue, je débarrasse mes pattes de la sève pâteuse et amère qui les recouvre, avant de prendre une bouchée de neige, qui acheva d’ôter la résine dorée. Oreilles pointés, j’embrassais je paysage du regard, avant de me figer, perplexe. Il y avait quelqu'un. Une présence. Je n’avais pas connaissance de la nature de l’être qui m’observait. Mais mon instinct m’avait averti. Contre le vent et dissimulé par un relief du terrain, je ne pouvais pas situer l’intrus. Et puis, une bourrasque trahit Sikstor, le prenant à revers, lui qui m’aurait si bien surpris si le zéphyr n’avait joué en sa défaveur. Un sourire en coin perché sur les babines, je reprends un trot souple et léger vers mon bâtiment préféré, la serre abandonnée. En cette saison, le soleil filtre à travers le verre translucide et chauffe les pierres d’agrément de l’ancien jardin botanique – le lieu idéal pour une future sieste.

•• Vas-tu m’accompagner, ou rester planté là ?

Sans un regard en arrière.

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SikstorSikstor
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Date d'inscription : 04/03/2015

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MessageSujet: Re: { INVESTIGATION } pv. sikstor   { INVESTIGATION } pv. sikstor EmptyMer 6 Mai - 20:30

Il avait l’esprit vagabond et laissait ses pattes le mener où elles désiraient. Il avait l’esprit embrouillé comme souvent, à la manière d’une peinture abstraite où les jets de couleurs s’entremêlent jusqu’à ne donner qu’une masse informe de couleurs. Alors il marchait, tentant de délier ces fils colorés qui peuplaient son esprit. Il était encore dans les alentours de la colonie et il sentait et entendait ses habitants rester insouciants. Il ne supportait pas cela. Cette naïveté qu’ils avaient de se croire en sécurité car ces terres semblaient être pour eux, aussi dures soit-elles.  Parfois il en venait presque à penser qu’ils n’étaient pas tous fait du même bois.

Bien sûr, tous les Doggones sont différents et méritent de l’être, mais cette conscience du danger, cette méfiance naturelle semblait se perdre peu à peu au fil du temps. Il se sentait comme le vestige d’un passé que l’on voudrait oublier, une partie de l’histoire qui est trop honteuse pour être racontée mais pas assez pour qu’on l’ignore.  Observée jusqu’à sa fin puis oubliée elle aussi. Comme tant d’autres choses.

Soupirant de frustration, il releva la tête et constata qu’il était à présent sur les Terres d’Abbell. Ces terres qu’il ne connaissait que trop bien pour ses dangers et ses morts.  Il observa de loin. Le début de la forêt, le Spectre du Monde au loin, et devant lui cette lande stérile et à l’herbe sèche. Comment un même endroit pouvait-il contenir des habitats si différents ? Parfois il se plaisait à penser à l’avant et à croire qu’un jour toutes les terres vivaient sous le même climat.

Il en parlait parfois quand il était chiot, mais on le riait et il préféra se taire quand les rires finirent par couvrir ses hypothèses. Et ensuite vint la mort qui le poursuivit longtemps. Il devint un survivant dans un monde hostile. Sans attaches, juste des liens nécessaires pour qu’il puisse voir demain arriver. Pour qu’il puisse courir vers ce futur qui ne l’attend pas et près duquel il s’impose. S’il ne s’impose pas, tout est fini.
Le vent soufflant dans la lande fit danser ses poils à la manière d’un ballet. Ils n’étaient plus ces minuscules éléments qui constituent sa fourrure, mais des danseurs infinis sous une mélodie perceptible d’eux seuls.  Il en eut assez, s’ébroua et reprit sa route.

Son pas lourd faisant plier l’herbe sous son poids. Silencieux il s’avançait au pas, attentif, prenant garde à tout. La nature lui avait apprit sa perfidie tout au long de ces années communes, et la leçon que la vie nous donne est essentielle à apprendre et assimiler. Que pouvait-il faire d’autre ? Il devait bien vivre. Et il voulait vivre libre.
Il passa à la vitesse supérieure une fois certain que la zone était bien sans danger. Il sentait ses muscles s’étirer à chacun de ses pas dans le confort d’un trot parfait, garant de son endurance.

Mais durant sa traversée des Terres d’Abbell, toute sa concentration allait dans la perception d’un éventuel danger. La pensée que celle-ci était meilleure quand il était seul le traversa. Sans aucune autre chose dans son giron il pouvait s’adonner à loisir à cette perception qui lui était si chère dans ses déplacements. Une des raisons expliquant qu’il préférait être seul. Il ne voulait pas perdre cette capacité en la laissant endormie en lui trop longtemps. Ce n’est qu’une paire d’heure plus tard qu’il se rendit compte qu’il allait tout droit vers la cité chagrine des Hommes. Il pilla. Attentif encore.

Il vit arriver devant lui une boule bleue et grise. Reconnaissable entre mille : Antinova. Décidément… Il aurait préféré être seul. Ce n’est pas qu’il la détestait, mais la chienne pouvait s’avérée envahissante et mettait parfois sa patience à rude épreuve. Et aujourd’hui encore une fois en ayant tant d’intérêts pour Laat-Krosis. Il savait pertinemment ce qu’elle planifiait : aller chez les Hommes. Antinova est le type même de Doggone qui a conscience du danger dans lequel ils sont mais qui préfère l’ignorer et aller à l’avant du danger. Et il n’arrivait pas à se décider ; trouvait-il cela brave ou complètement stupide ? Après tout il ne la connaissait pas vraiment. Elle était utile à sa tranquillité, c’était tout.

Il l’observa sans trop se cacher, attendant de voir si elle prendrait garde à elle, si elle le percevrait. Ce fut le cas. Mais, non contente d’être dans un endroit interdit encore pour elle, elle y entra – comment savait-elle entrer ? – après lui avoir demandé si oui ou non il l’accompagnerai, et s’en fut sans un regard en arrière. Une seconde, il douta. Que devait-il faire ? Attendre à l’extérieure ou entrer ? Ici, il était exposé à la vue des Hommes et à leurs serviteurs de métal et ce n’étaient pas des menaces à prendre à la légère même si les Hommes les craignaient au point d’éviter tout contact.  Les Doggones étaient la nouvelle vermine de ce siècle. Il vit la jeune chienne disparaître brièvement de son champ de vision et il se décida.

Et, sans un regard en arrière, il s’avança, bien décidé à remettre cette inconsciente sur les rails !
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